Une demi-heure d’activité physique chaque jour réduit les risques de tumeurs, en particulier du côlon et du sein. A contrario, le surpoids et l’obésité favorisent leur survenue. Et si vos baskets se révélaient la meilleure arme anti-cancer ?
On savait que le surpoids et l’obésité étaient d’importants pourvoyeurs de maladies cardiovasculaires et de diabète. Mais une vaste étude européenne baptisée Epic* prouve aujourd’hui qu’ils favorisent également la survenue de cancers.
Une association longtemps suspectée…
Source : http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/cancer/articles/8849-cancer-prevention-sport.htm
Depuis plusieurs années, on évoque les liens entre activité physique et protection vis-à-vis du cancer. A l’occasion d’Eurocancer, le Dr Christine Friedenreich a ainsi compilé les données de 180 études épidémiologiques. Toutes témoignent chez les plus « sportifs » d’une réduction du risque « convaincante » pour le cancer du côlon et du sein, « probable » pour le cancer de la prostate et « possible » pour le cancer du poumon et de l’endomètre. Parallèlement, l’excès de poids est relié à une augmentation du risque de cancer du côlon, du sein chez les femmes ménopausées, de l’endomètre, du rein et de l’oesophage.
Mais dans ces recherches, l’activité physique des patients cancéreux est avant tout basée sur leur mémoire : « Pratiquiez-vous régulièrement une activité physique ? », « A quelle fréquence ? »… A l’inverse, l’étude Epic a noté chez près de 50 000 européens de 35 à 70 ans en bonne santé différents paramètres (dont l’activité physique) pendant plus de 7 ans. Les habitudes des patients qui ont développé un cancer sont comparées à celles des patients indemnes. Ces études prospectives sont considérées comme plus fiables mais elles nécessitent de plus larges effectifs et plus de temps. Présentés dans le cadre du congrès européen sur le cancer Eurocancer 2005, les très sérieux résultats d’Epic sont surprenants à plus d’un titre !
Plus de sport = Moins de cancers
Les liens entre activité physique et cancer sont confirmés mais surprennent par leur ampleur. « En résumé, il semble que l’activité physique, qu’elle soit dans la vie professionnelle, dans la vie de loisirs et même à la maison, diminue l’incidence de deux cancers, le cancer du côlon et le cancer du sein, dans des proportions très importantes » avoue le Pr. Michel Boiron, président fondateur d’Eurocancer. Deux maladies qui frappent respectivement chaque année 36 000 personnes et plus de 40 000 femmes !
L’étude Epic montre ainsi que :
- Pour le cancer du côlon, les personnes les plus actives présentent une réduction du risque de cancer du côlon de près de 20 %. Par ailleurs, un tour de taille excessif est lié à un excès de cancer pouvant dépasser 40 %, en particulier chez les hommes ;
- Pour le cancer du sein, la diminution du risque liée à l’activité physique est de 30 % entre les femmes les plus actives et les plus inactives. L’obésité après la ménopause est ainsi corrélée à un sur-risque de plus de 30 % !
Il apparaît difficile de dissocier activité physique et surpoids, tant le sport permet de contrôler la prise excessive de kilos. Mais cela ne veut pas dire pour autant que les personnes minces n’ont rien à gagner en chaussant leurs baskets !
Un mécanisme qui reste à élucider
Selon les auteurs, de nouvelles recommandations devraient rapidement intervenir, notamment concernant l’activité physique, avec un minimum de 30 minutes par jour, d’intensité modérée à forte (marche rapide, vélo, montée des escaliers à pied, gymnastique). Il semblerait que l’idéal serait de s’y adonner en alternance cinq fois par semaine. Enfin, le maintien d’un indice de masse corporelle inférieur à 25 est à surveiller, y compris après la ménopause.
En 2003, cette même étude européenne Epic avait souligné l’importance du régime alimentaire, montrant une réduction appréciable d’environ 30 % de cancers digestifs, surtout colon, oesophage et estomac, dans les régimes comportant des fruits et des légumes frais, peu de viande et de charcuterie, peu de sucres, de graisses en particulier animales et d’oeufs.
Bien manger, bien bouger… Autant de messages que le Ministère de la santé tente de promouvoir dans le cadre du Programme National Nutrition Santé et que Doctissimo vous recommande dans nos dossiers » Lutter contre le surpoids » et » Je me remets au sport !« .
On ne connaît pas bien les mécanismes par lesquels cet effet se produit. Plusieurs hypothèses coexistent actuellement : des changements hormonaux (hormones sexuelles, hormones métaboliques), des modifications des facteurs de croissance ou des changements dans la fonction immunitaire. Par ailleurs, une étude serait actuellement en cours pour savoir si l’activité physique conserve un aspect positif chez les personnes soignées pour un cancer.
* Epic pour European Prospective Investigation into Cancer and nutrition